🦸🏻♀️ Le néoféminisme, à côté de la plaque ? • 🚀 Elon Musk va lancer une app de dating ? • 🎙 Un podcast France Inter
💡 Newsletter #16
🤓 Ce que vous allez découvrir aujourd’hui :
📚 Comment Véra Nikolski apporte un vent de fraicheur sur le féminisme grâce à son passionnant bouquin Féminicène ;
🚀 Elon Musk sur le point de lancer une app de dating ?
💪 “Comment réussir ses rencontres sur Internet” : un podcast France Inter avec un expert que j’avais eu l’honneur d’interviewer : Pascal Lardellier ;
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Féminicène : le féminisme, vu autrement.
Parlons féminisme.
Derrière ce mot fourre-tout et désormais ultra galvaudé se cache, qu’on le veuille ou non, un vrai sujet de société. Un sujet ayant des impacts de plus en plus forts sur les relations hommes/femmes et donc mécaniquement, sur les couples. Je ne cesse de le constater tous les jours avec les hommes et les femmes que j’accompagne.
Personnellement, je me considère clairement comme féministe. Pourtant, le féminisme 2.0 (ou néoféminisme) me laisse carrément pantois.
En fait, je me sens un peu comme ces étrangers venant visiter Paris et disant à qui veut bien l’entendre : “I love France, but not the French.” En somme, je me reconnais totalement dans la grande idée qu’est le féminisme, beaucoup moins dans les féministes modernes ayant leurs ronds de serviette dans tous les grands médias (inutile de les citer, c’est impossible de ne pas en entendre parler à moins de vivre dans une grotte). À l’inverse, celles que je trouve vraiment intéressantes et pertinentes (Caroline Fourest, Fatiha Boudjahlat, Jeanette Bougrab, Eugénie Bastié, Abnousse Shalmani, Élisabeth Badinter ou encore Sonia Mabrouk) sont à mon grand regret, trop inaudibles.
Mais les choses vont peut-être changer grâce à Véra Nikolski.
Issue d’une famille de scientifiques, Véra Nikolski est normalienne, titulaire d’un DEA de sciences sociales, d’un doctorat en science politique et est aussi mère de trois filles et ancienne pratiquante d’arts martiaux à haut niveau. Voilà, les bases sont posées.
Nikolski, c’est la Jancovici du féminisme : rationnelle, clinique, raisonnée, documentée, intelligente, subtile, dotée d’une pensée complexe mais pourtant capable d’expliquer les choses simplement. Et elle vient d’écrire un livre qui selon moi, fera date : Féminicene.
Dans ce livre, Véra Nikolski aborde avec audace deux questions majeures de notre époque, à savoir le féminisme et la transition écologique. Cependant, elle adopte une approche distincte de celle généralement utilisée pour aborder ces sujets : au lieu de recourir à des slogans militants ou à des discours vindicatifs, l'auteure propose une analyse érudite et objective. C’est assez rare pour être souligné.
Féminicène constitue selon moi une contribution majeure au débat sur le féminisme et l’émancipation des femmes. Mais surtout, ce bouquin invite à une réflexion bien plus large qui consiste à penser rationnellement (et non uniquement par un prisme idéologique) le féminisme, dans une société en plein bouleversement.
Bref, un must-read qui permet de concevoir le féminisme sous un autre angle mais aussi de facto, le rapport homme/femme.
1. Des origines “matérialistes” à la domination masculine.
Grande thèse de départ. : l’auteure estime que les causes de la domination masculine sont d’abord matérielles. C’est la théorie “matérialiste” du féminisme.
Pour faire simple, l’auteure estime que la domination masculine ne peut pas s’expliquer uniquement par des causes culturelles mais avant tout par des causes rationnelles. Selon elle, les causes de la domination masculine sont donc d’abord matérielles, fruit de la division sexuelle du travail entre d’une part l’activité de production et de défense du groupe que les hommes devaient assumer prioritairement et qui les poussaient à se déplacer hors du foyer, et d’autre part le travail de reproduction, qui inclut le soin et l’attention portés aux jeunes enfants que les femmes étaient chargées d’accomplir. Cette spécialisation sexuelle du travail est d’essence biologique, affirme l’auteure, qui condamne « le tabou de la biologie » qu’on trouve trop souvent dans les études contemporaines sur le genre.
Véra Nikolski poursuit en rappelant que le travail de reproduction qui incombait aux femmes était d’autant plus une source d’oppression et d’inégalité entre les sexes que, dans les sociétés préindustrielles, il était souvent nécessaire, pour chaque femme, d’avoir au moins quatre ou cinq enfants afin d’espérer qu’au moins deux d’entre eux survivent jusqu’à l’âge adulte et s’occupent ensuite de leurs parents âgés. Dans les conditions d’une société traditionnelle marquée par une forte mortalité infantile, même s’il était techniquement possible pour une femme de chasser, de cultiver la terre ou de se battre, il n’était pas rationnel d’organiser la société sur le principe de l’égalité des sexes.
2. La révolution industrielle à l’origine de l’émancipation féminine.
Pour Nikolski, ce ne sont pas les luttes féministes qui ont permis aux femmes de se libérer mais les progrès technologiques engendrés par la révolution industrielle ainsi que les avancées scientifiques et médicales. Grâce à la mécanisation, l’avantage masculin lié à la force physique fut considérablement atténué, tandis que les progrès de la médecine et de l’obstétrique ont permis aux femmes de se libérer en grande partie de la charge de reproduction qui leur incombait en supprimant les dangers de l’accouchement et en baissant fortement la mortalité infantile.
Enfin, au XXe siècle, le développement de l’électroménager, la création d’un État social assurant la protection contre la maladie et la vieillesse, le financement d’un réseau de crèches et d’écoles, contribuèrent fortement à la libéralisation les femmes.
La libéralisation des femmes a donc été, pour l’auteure, la conséquence des progrès apportés par la civilisation industrielle fondée sur le charbon et le pétrole plutôt que celles des luttes féministes, même si ces dernières ont parfois pu les accélérer, notamment dans le cas de l’avortement.
En somme, elle estime que le processus d’émancipation des femmes est advenu parce que les conditions matérielles de l’existence humaine ont changé, mais aussi parce que tout le monde, y compris les hommes (et le système capitaliste salarial) y avait avantage.
3. Une émancipation menacée par la raréfaction des énergies fossiles (et non par les hommes).
C’est selon moi une des théories les plus intéressantes et novatrices que Véra Nikolski avance.
La deuxième partie de Féminicène tire les conséquences des analyses de la première et met en garde contre les véritables dangers qui menacent l’émancipation des femmes. Ces dangers ne seraient ni « les hommes » ni l’idéologie patriarcale, mais « l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle », conséquence de la raréfaction des ressources naturelles et de la fin de l’énergie abondante et peu chère qui est au fondement de nos économies (pour aller plus loin sur cette partie, je vous conseille vivement de vous intéresser à Jean-Marc Jancovici).
Ainsi, le monde de demain risque d’être « un monde plus pauvre, plus chaotique et plus violent que celui d’aujourd’hui ». Or, si c’est l’amélioration des conditions matérielles d’existence qui a permis aux femmes de conquérir de nouveaux droits, il est à craindre que, à l’avenir, les conditions de l’émancipation des femmes ne puissent plus être assurées.
Problème : le féminisme, en tant qu’idéologie, ne semble pas prêt à prendre la mesure des effets dévastateurs pour sa cause que pourrait engendrer la fin programmée du pétrole et des énergies fossiles.
Nikolski le regrette vivement et souligne ce paradoxe :
« Il est particulièrement étrange de constater que ces chercheurs et militants qui sont en général sensibles aux thèmes de l’écologie et du changement climatique n’établissent aucun lien entre ces enjeux et la question féministe. Alors que notre monde est en train de changer et que des bouleversements plus globaux encore sont sur le point d’advenir, ils continuent à raisonner comme si de rien n’était, toutes choses égales par ailleurs, se situant dans un univers parallèle où ces deux classes de phénomènes n’entrerons jamais en collision. […] Pourtant, les changements, on l’a dit, risquent d’être massifs : « un enfant si je veux, quand je veux » ne survivra pas à la hausse de la mortalité infantile ; « trois enfants minimum pour toutes » ne sera pas un slogan mais la réalité statistique ; la PMA pour toutes risque de devenir la PMA pour personne (ou presque), sans parler des opérations de changement de sexe. Voilà les dangers qui devraient inquiéter les féministes et les pousser à explorer toutes les pistes possibles pour infléchir autant que faire se peut cette trajectoire »
4. Pour un féminisme “du faire” et non de la plainte.
Selon l'écrivaine, la résolution réside dans une profonde transformation des méthodes et des objectifs du féminisme contemporain. Plutôt que de se battre exclusivement dans le domaine idéologique et juridique pour défendre des droits qui pourraient uniquement être préservés dans une société riche et abondante, il est préférable que les femmes investissent massivement des professions qui deviendront essentielles lors de la transition matérielle à venir. De cette manière, elles seront en position de pouvoir préserver leur statut social.
À l'exemple des femmes iraniennes qui deviennent ingénieures pour s'opposer à un régime oppresseur, les féministes doivent encourager les femmes à s'impliquer davantage dans des domaines cruciaux de la société.
Cependant, le mouvement de libération des femmes a eu un effet paradoxal à cet égard. Face à un éventail de choix plus large pour leur carrière, la majorité des femmes se sont spontanément orientées vers des professions du secteur tertiaire, axées sur les relations sociales. En revanche, les métiers liés aux domaines des STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) sont encore majoritairement dominés par des hommes. Cette ségrégation professionnelle basée sur le sexe, qui ne découle pas d'une différence de compétences entre les genres mais plutôt d'une appétence différente, pose un problème majeur selon l'auteure, car les perturbations à venir rendront ces professions, où les femmes sont sous-représentées socialement et économiquement, indispensables.
Il est donc urgent, pour Véra Nikolski de développer un « féminisme du faire » dont l’objectif prioritaire ne devrait plus être d’accorder de nouveaux droits aux femmes, de transformer les mentalités ou de déconstruire la masculinité patriarcale, mais de pousser les femmes à s’imposer davantage dans les milieux professionnels où elles restent minoritaires.
En somme, l’auteure propose que le féminisme contemporain incite davantage les femmes à devenir ingénieure et à construire des centrales nucléaires plutôt qu’à se perdre dans l’ésotérisme et à lancer des sorts, pour reprendre les mots d’une néo-féministe que je ne citerai point.
Elon Musk va-t-il lancer une app de dating ?
Dans un récent tweet, Elon Musk (propriétaire de Twitter) a déclaré qu’il envisageait d’ajouter une fonctionnalité dating à Twitter.
Par le passé, Elon Musk a régulièrement et publiquement mis en garde contre les dangers d'un effondrement de la population et d'une baisse des taux de natalité. Il a évoqué à plusieurs reprises les risques liés à la baisse des taux de natalité. Pas plus tard qu’en août 2022, le propriétaire de Twitter déclarait que "l'effondrement de la population dû au faible taux de natalité est un risque bien plus important pour la civilisation que le réchauffement climatique".
Au point d’envisager de créer un service de rencontre pour apporter une réponse à ce problème ?
Une chose est certaine : il adore se frotter aux grands défis de l’humanité et il prouve qu’il est pas trop mauvais à cette mission : que ce soit les voitures électriques avec Tesla ou encore les fusées avec SpaceX. On peut ne pas aimer ses méthodes ou son personnage, mais il est indéniable qu’il a transformé (voire révolutionné) ces deux industries, alors même que les acteurs phares de ces deux marchés pensaient qu’il n’y arriverait jamais.
C’est donc avec optimisme et même un peu d’espoir que je vais suivre de près ce potentiel projet de service de rencontres. Si Elon Musk se lance sur le marché du dating, je n’ai aucun doute que cela aura pour effet de faire peur aux acteurs existants qui devront donc redoubler d’efforts et d’innovation pour conserver leurs précieuses parts de marchés. Et puis surtout, on peut compter sur Elon Musk pour proposer des idées et une approche vraiment différente, novatrice. Bref, que du positif sur un marché qui commence dangereusement à se figer et donc, à lasser les gens.
Et puis vous me l’accorderez, s’il y a bien une personne qui peut nous envoyer au 7eme ciel, c’est lui.
“Comment réussir ses rencontres sur Internet” - Podcast France Inter
Cette semaine, je ne vous partage pas un podcast que j’ai moi-même réalisé ou dans lequel j’interviens, mais un podcast de France Inter.
Pourquoi je vous le partage :
car un des intervenants est une personne que j’ai eu la chance d’interviewer il y a quelques semaines : Pascal Lardellier. Rien que pour ça, je me dois de vous le partager. Pour écouter ou réécouter le podcast avec Pascal, cliquez ici 👈
car le podcast est globalement très intéressant et instructif ;
et enfin, car quelques personnes (dont Juliette que j’avais aussi interviewée) me l’a vivement recommandé ;
Pour toutes ces raisons, je pense que ce podcast pourrait grandement vous aider ; et c’est bien là le but de cette newsletter.
J’ai d’ailleurs déjà proposé aux autres intervenants de ce podcast de venir dans le mien et l’une d’entres elles a déjà accepté !
Bonne écoute 😊
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Bonjour Antoine merci pour cet envoi.
Ce que j’aimerais c’est écouter ou lire si cela existe , un article sur le positionnement actuel des hommes par rapport aux femmes…
Pas tout à fait d’accord avec l’auteure sur le féminisme..
Cordialement.
Catherine.