Bonjour, je suis Antoine Géraud. Depuis huit ans, j’aide les célibataires à trouver des relations épanouissantes. Pour cela, j’ai créé :
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Bonne lecture 🤓
Avez-vous déjà entendu parler du “complexe de la maman et de la prostituée” ?
Ce concept en psychologie, développé par Sigmund Freud1, décrit une dichotomie ressentie par certains hommes vis-à-vis des femmes, les divisant en deux catégories opposées :
La “Madone” : figure féminine idéalisée, pure, protectrice et bienveillante, associée aux qualités maternelles, mais non perçue comme objet de désir sexuel.
La “Putain” : femme perçue comme libérée sexuellement, vue principalement comme un objet de désir, mais jamais considérée comme digne d’un engagement affectif.
Cette division empêche certains hommes de voir une femme comme à la fois mère et amante. Lorsqu'une femme devient mère, ils n'arrivent plus à la désirer, la voyant comme purement maternelle. Le même sein qui nourrit l'enfant et suscite le désir leur semble inconciliable, créant un fossé émotionnel. Ce n’est pas la sexualité en général qui est rejetée, mais la sexualité de la mère.
Cette vision archaïque semble être héritée de la tradition judéo-chrétienne qui a scindé la femme en deux archétypes : Marie, la pure, et Ève, la pécheresse2. Beaucoup peinent à dépasser ce clivage culturel profondément enraciné.
On estime aujourd’hui qu’environ un homme sur cinq en est inconsciemment victime. Nul besoin de jugement ici, mais de compréhension : ce n’est pas une faute morale mais une faille psychique, une difficulté à réunir l’amour et le désir sous un même toit.
Une chose semble en tout cas certaine : les hommes touchés par ce complexe ressentent moins de satisfaction dans leurs relations amoureuses3.
Comment, alors, sortir de ce piège ? Pour qu'une relation soit entière, il faut d’abord réintégrer cette dualité. Accepter que le maternel ne fait pas de l’autre un être sacré, mais une femme encore plus humaine, à la fois douce et intense, mère et amante. Pour avancer vers cette acceptation, quelques étapes clés se dessinent :
Conscientiser le problème, se dire que cela existe, et que cela a un nom.
Verbaliser, l’exprimer, sans crainte de l’inconfort qu’un tel sujet peut provoquer.
Dialoguer, partager ces blocages, sans honte, et au besoin avec un professionnel qui puisse aider à les démêler.
Car la clé réside ici : l'amour, au fond, c’est pouvoir intégrer les deux pôles, voir en l’autre une multiplicité et non un rôle figé. En se libérant de ce clivage, on permet au désir de renaître là où il s'était éteint, de faire cohabiter amour et passion.
C’est là que l’amour trouve son essence, dans l’acceptation de l’ambiguïté, dans la beauté du contraste.
“On the Universal Tendency to Debasement in the Sphere of Love” (Sur la tendance universelle à la dévalorisation dans le domaine de l’amour, 1912) : Freud aborde ici le conflit psychologique entre amour et désir sexuel, en particulier dans les relations où l’idéalisation de la femme empêche de ressentir du désir. C’est dans ce texte que Freud observe que certains hommes peinent à intégrer respect et sexualité dans leur image de la femme.
"Mary Versus Eve: Paternal Uncertainty and the Christian View of Women" - Cet article relie la dichotomie à des concepts religieux, avec Mary et Eve comme archétypes de la Madone et de la prostituée, expliquant comment cela s’ancre dans des stratégies évolutives de protection paternelle (Tumanov, 2011).
"The Madonna-Whore Dichotomy: Men Who Perceive Women's Nurturance and Sexuality as Mutually Exclusive Endorse Patriarchy and Show Lower Relationship Satisfaction" - Cette étude révèle que les hommes qui adhèrent à la dichotomie Madonna-Whore tendent à soutenir des idéologies patriarcales et à ressentir moins de satisfaction dans leurs relations amoureuses (Bareket et al., 2018).