💍 Internet : créateur d'unions solides • 📱Une app de dating innovante • 😁 et plein d'autres sujets !
💡 Newsletter #1
👩🏫 Ce que vous allez découvrir aujourd’hui :
💍 Les mariages issus d’internet durent plus longtemps et sont plus heureux
📱 Une nouvelle app de dating, méconnue mais valant le détour
🎙 Mon passage dans une radio nationale pour parler d’amour
📚 Le résumé d’un essai sociologique dense…mais très intéressant
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Hey lovers & bienvenue dans cette toute première newsletter.
Tout d’abord, je tiens à vous remercier : vous êtes déjà très nombreux à vous être inscrit et à avoir passer le mot autour de vous. C’est fou !
Pour rappel : cette newsletter a pour ambition d’informer et d’éduquer sur l’amour 2.0, sujet ô combien complexe et mouvant, en vous proposant une newsletter de ce type toutes les 2 semaines.
Vos retours seront appréciés : un retour, une remarque, un compliment, une idée de sujet, une idée d’amélioration…allez-y ! Cette newsletter a été pensée pour vous, alors il me semble normal et logique que vous me donniez votre avis 😊
En espérant que vous allez aimer cette première édition,
Je vous souhaite une bonne lecture 🤍
⏱ Temps de lecture à un rythme lent : 15 minutes.
La stat de la semaine 📊
Les mariages issus d’Internet durent plus longtemps que les autres et sont plus heureux
Et oui ! Une récente étude réalisée par l’université de Chicago et menée sur un panel de plus de 19 000 personnes a démontré que les couples mariés rencontrés en ligne durent plus longtemps et sont plus heureux. Aussi, cette étude nous dit qu’Internet est devenu officiellement le créateur de couple #1 devant le travail, les ami(e)s, l’école, la famille, les bars/clubs etc…Pour les plus téméraires souhaitant creuser, cette étude est disponible juste ici : “Marital satisfaction and breakups differ across online and offline meeting venues”.
Pourquoi cette étude est intéressante :
elle vient débunker une vieille et forte croyance que l’on peut avoir vis-à-vis des utilisateurs de ces services : qu’ils ne seraient pas sérieux et uniquement là pour des histoires d’un soir. C’était peut-être vrai à une époque (du Minitel Rose par exemple 😁), mais ça ne l’est plus du tout.
cette étude nous confirme la tendance : en l’espace de 20 ans, internet a supplanté tous les autres moyens de rencontres traditionnels. Nos enfants et petits-enfants se rencontreront via internet, c’est un fait, qu’on le veuille ou non. C’est un bouleversement majeur dans nos relations, encore plus quand on sait que tout cela s’est fait dans un espace temps très réduit (20 ans, ce n’est rien quand on y pense). D’où l’importance d’embrasser ce changement et de ne point le rejeter en bloc (réaction pourtant très répandue chez les français, peuple ô combien réfractaire et romantique). La question n’est donc pas, selon moi, de perdre son énergie à tenter désespérément de trouver des moyens détourné (d’internet) pour faire des rencontres ou d’attendre que cela se fasse de manière hasardeuse au coin d’une rue, mais plutôt d’apprendre à comprendre, maitriser et utiliser ces nouveaux outils pour atteindre vos objectifs. J’appelle ça le Darwinisme sentimental : il y a ceux qui s’adaptent…et les autres. D’ailleurs, en écrivant ces quelques lignes, je me remémore un dessin qui illustre parfaitement la situation :
Mais cette étude a tout de même une (petite) limite (comme toutes les études) :
elle a été réalisée uniquement sur des personnes américaines : cependant, nous savons bien que les USA ont toujours quelques années d’avance sur nous au niveau social et que cette mutation est aussi à l’œuvre en France.
source disponible ici
Le dating tips de la semaine 🎁
Hinge : une app de dating méconnue mais qui vaut le détour !
Cette app, encore méconnue en France est à mon avis actuellement la plus intéressante du marché lorsque l’on est dans une recherche sérieuse. D’ailleurs, elle se positionne clairement sur cet axe puisque son slogan est “Designed to be deleted”. Elle a connu un large succès aux USA, ce qui a poussé le groupe Match (qui détient Meetic, Tinder, DisonsDemain et OkCupid, entre autres) à la racheter (j’y reviendrai).
Quelques caractéristiques qui font que je trouve cette app intéressante :
une expérience utilisateur épurée et plus agréable : on est loin de l’ambiance supermarché que l’on peut retrouver sur Tinder ou AdopteUnMec (devenu simplement Adopte).
un fonctionnement aux antipodes de Tinder : pas de swipe mais une sélection de 10 profils par jour élaborée en fonction des informations que vous avez rentrées ;
un algorithme réellement pensé pour permettre de vivre des rencontres de qualité et non vous maintenir accro à l’application (tout est expliqué dans cet article très intéressant si vous souhaitez creuser) ;
l’obligation de très bien compléter son profil avant de pouvoir interagir avec les autres membres. Adieu les profils vides ou à moitié remplis ;
la possibilité d’enregistrer des messages vocaux sur son profil : je trouve cette fonctionnalité particulièrement chouette, le fait d’entendre la voix d’une personne nous donnant beaucoup d’informations (une élocution, un champ lexical, un timbre de voix, etc…) et nous permettant donc de nous faire une image plus juste de la personne ;
un suivi de la part de l’application lorsque vous aurez échangé votre numéro avec un membre, afin de savoir si vous vous êtes rencontrés et si oui, savoir comment la rencontre s’est déroulée. Cela va permettre d’alimenter l’algorithme (dont je parle ci-dessus) et donc d’affiner la sélection de profils envoyés quotidiennement ;
des utilisateurs en majorité dans une démarche sérieuse et avec le désir de construire un couple durable ;
un système de modération très avancé comparé à ses concurrents ; en cas de comportements irrespectueux ou insultants, le compte se fait bannir. Cela permet de conserver une ambiance respectueuse et agréable ;
une version gratuite intéressante et suffisante (à mes yeux) ;
Quelques warning tout de même :
En France, la majorité des utilisateurs de cette app ont entre 20 et 45 ans et sont des urbains parisiens (il y a aussi pas mal d’expatriés) ; donc si vous êtes en dehors de ces critères, je crains que vous n’y trouviez votre bonheur (mais cela devrait évoluer dans les prochaines semaines / mois ) ;
cela reste une application de rencontre, dont le business model est basé sur un modèle d’abonnement. Concrètement, ça veut dire que leur objectif (=générer un max de revenu) est opposé au vôtre (=trouver chaussure à votre pied et donc vous désinscrire). Il est donc important de toujours prendre de la distance avec ce qui est annoncé par une app et de ne pas les croire sur paroles…
…et c’est encore plus vrai avec le rachat par Match Group, qui est à mon avis une mauvaise nouvelle : à chaque fois qu’une app intéressante se fait racheter par ce groupe, je trouve qu’elle en perd son âme et devient une usine à cash : Match Group est côté en bourse au Nasdaq, leur objectif #1 est donc de générer un max de revenus, pas de mettre toute la planète en couple ;
malgré toutes les qualités que je viens de citer, je vous invite à garder en tête qu’une application reste un outil et que les résultats vont majoritairement dépendre de votre utilisation. N’en faites ni votre ennemi, ni votre ami, ne vous laissez pas dompter par cette app mais apprenez à la comprendre et à la maitriser ; c’est ainsi que vous obtiendrez des résultats.
Pour conclure : je vous invite donc à l’essayer, en gardant en tête les warning ci-dessus. Et n’hésitez pas à me faire part de votre expérience directement en réponse à cet email, je serai ravi d’en discuter avec vous.
Vous pouvez découvrir leur site en cliquant ici 👈
PS : Je ne suis pas payé pour parler de cette application ! 😊
Le sondage de la semaine
En préparant cette newsletter, je suis tombé sur une toute nouvelle application de rencontre qui est en train d’être lancée à New-York. : Ditto. Sa particularité est de remplacer la fonctionnalité de discussion via des messages écrits par un appel vidéo. Pour faire simple : sur cette app, impossible de discuter par écrit avec un membre qui vous plait, uniquement via un appel vidéo en direct. J’aimerais avoir votre avis : pour apprendre à connaitre un membre sur une app, vous préférez l’écrit ou un appel vidéo ?
Je partagerai les résultats du sondage dans la prochaine newsletter !
source disponible ici
La nouvelle cringe de la semaine 🫠
Une app de rencontre pour veufs demande les certificats de décès
Bon, je me dois d’abord d’expliquer le mot “cringe” pour mes lecteurs boomers (coucou Maman). Le mot “cringe” est un adjectif utilisé principalement par les adolescents et les jeunes adultes. Il s’emploie quand on observe quelqu’un qui se ridiculise ou qui fait quelque chose de bizarre. La formule “c’est cringe” signifie « c’est très embarrassant, ça fait se sentir gêné pour la personne ». Donc pour mes lectrices ou lecteurs de plus de 50 ans : si vous voulez impressionner vos petits enfants au prochain repas de famille, dites leur “c’est cringe d’être sur TikTok pendant qu’on déjeune” (à prononcer krinj). Je vous assure que ça fera son effet.
Et justement, n’y-a-t’il rien de plus cringe qu’une application de rencontre pour veufs demandant à l’inscription le certificat de décès du défunt(e) époux(se). Je n’ai pu m’empêcher d’imaginer une petite mamie convaincue à l’idée de s’inscrire sur un site de rencontre suite à une discussion avec son petit-fils ayant vanté les mérites de ce type de service, se rendre dans son grenier pour retrouver ce certificat de décès poussiéreux, certainement classé entre les photos souvenirs du mariage et les actes notariés de la succession. Cringe as fuck.
source disponible ici
L’actu de la semaine
J’étais l’invité de Sud Radio
Être invité sur Sud Radio quand on est toulousain : what else ?
Le résumé de la semaine
“S’aimer à l’ère des masques et des écrans” - Pascal Lardellier
Enfin, on termine avec un résumé du très dense mais néanmoins très intéressant “S’aimer à l’ère des masques et des écrans” du sociologue Pascal Lardellier.
J’ai eu la chance de découvrir Pascal lors de mon passage chez Sud Radio (disponible ci-dessus pour ceux qui sont passés trop vite). La profondeur de son analyse m’a donné envie d’en savoir plus à son sujet. J’ai donc acheté et dévoré son bouquin. En voici les bonnes feuilles :
Juste avant de passer à la suite, j’aimerais vous expliquer pourquoi j’ai décidé dans chaque newsletter de résumer un livre, essai ou étude : afin de comprendre l’individu, il me semble essentiel de comprendre la société dans laquelle il évolue. C’est très important pour moi en tant que professionnel de ce secteur, mais ça me semble aussi l’être pour vous ! Savoir, c’est pouvoir.
1. Nous traversons une crise de l’engagement…
Une des grandes théories de ce livre est que l’on vit une véritable crise de l’engagement. Une crise provoqué par 3 facteurs, selon lui :
la hausse de l’individualisme : selon l’auteur, nous serions passés en quelques décennies d’une société dans laquelle le collectif et la communauté exerçaient une emprise sur nos destins à un modèle de société faisant la part belle aux choix individuels. Nous serions rentrés dans l’ère d’individus en quête d’épanouissement personnel, de plus en plus attentifs à leur équilibre, à leurs envies personnelles et à leurs besoins profonds.
la désinstitution : l’auteur explique qu’il s’agit d’un processus socio-historique à l’œuvre depuis plusieurs décennies (mais qui s’est fortement accéléré depuis mai 68) qui réduirait la force d’agrégation sociale des institutions historiquement légitimes (famille, école, églises, partis politiques, syndicats). En gros, on assiste à la fragilisation des liens sociaux et moraux qui cimentaient autrefois nos relations et nos communautés. Et bien sûr, l’amour se voit toucher de plein fouet.
la possibilité de divorcer à moindre coût ;
Et ce triple phénomène a des conséquences directes :
hausse du nombre de célibataires et de la solitude : en effet, le nombre de célibataires a quasiment triplé en l’espace de 40 ans, et le nombre de mariage a atteint un point historiquement bas en 2020. “La solitude est le revers de l’individualisme caractérisant notre époque” dit-il joliment.
apparition des sites et apps de dating : la nature a horreur du vide (laissé par la désinstitution). Et je trouve ce point particulièrement intéressant : on entend souvent dire que la hausse du célibat est due à l’apparition des sites et applications de rencontres. L’auteur pense tout le contraire : ce phénomène était déjà à l’oeuvre avant l’apparition des sites et apps de rencontres. Celles-ci sont la conséquence de la hausse du célibat, qui elle-même est la cause de la désinstitution. En gros, les sites et applications de rencontres ont répondu à une demande.
2. …mais le couple reste l’objectif social ultime.
L’auteur explique que malgré ces grands bouleversements à l’œuvre, le couple reste l'horizon social à atteindre. Il trouve d’ailleurs que c’est un paradoxe : “il est philosophiquement intéressant de constater que nous frissonnons toujours pour ce monde EMU (exclusif, monogame, ultime) tout en oeuvrant sans cesse à son effondrement. Le couple amoureux, tel est bien la norme. Et le couple uni par l'évidence du coup de foudre, le nec plus ultra.”
3. Les sites et apps de rencontres transforment profondément nos rapports amoureux…
Il parle d'une révolution relationnelle à plusieurs niveaux :
Le polygaming : de l'ubiquité à la duplicité, il est désormais simple de cumuler les rendez-vous et même d'entretenir plusieurs relations en parallèle, discrètement ou ouvertement.
Effet déshinibant : affranchi du regard social, on ose des choses qu'on aurait jamais osé avant.
Insularisation et privatisation de la rencontre : ceci est une théorie avancée par la sociologue Marie Bergström. “Là où, auparavant, la rencontre se déployait dans un contexte social réel, désormais elle se privatise, pour ne concerner que les deux amoureux virtuels et leurs machines, dans toute la phase de prise de contact puis de découverte de l’autre”
Inversion chronologique des évènements : on apprend à se connaitre avant de se rencontrer, et on se découvre de l'intérieur. Quand on se rencontre, on couche généralement rapidement si le feeling est là, car on avait “pris de l’avance”.
Le libéralisme à la conquête des relations amoureuses :
L’auteur estime que le libéralisme s’est imposé comme l’idéologie présidant désormais aux rapports sentimentaux : “elles se marchandisent, les célibataires pratiquant en ligne le marketing amoureux. Sur sites et applis, chacun devient son propre cyber agent matrimonial.”
Tous les grands principes de l'économie de marché s'y retrouvent : “l'abondance de l'offre, la rationalisation de la quête amoureuse, le ciblage sélectif, le fait de pouvoir choisir parmi une offre abondante, la standardisation des produits. On y remplit des fiches quasi anthropométriques dont il faut respecter les rubriques. “
4. …mais permettent vraiment de trouver l’amour
L’auteur n’a aucun doute à ce sujet : “Bien sur, le Net sentimental produit beaucoup de couples, mariage et bébés à la clé. Oui, ça marche, indéniablement.”
5. Ma conclusion (optimiste)
J’ai trouvé ce bouquin extrêmement intéressant car il permet de comprendre les grandes mutations à l’œuvre au sein de nos sociétés. Il est aussi, quand on le lit bien, un véritable message d’espoir :
En somme, ce livre nous explique que cette crise que nous vivons n’est en vérité qu’une mue, un renouvellement de nos rapports et non un scénario apocalyptique.
Que non, l’amour n’est pas mort, bien au contraire, qu’il n’a jamais été aussi vivant. En effet, pendant très longtemps, le couple relevait d’une sorte de “fatalisme” : on appelait cela les mariages de raison. Le destin conjugal était terne ou heureux, selon que le mariage fut pesant ou providentiellement scellé par une flamme : l’amour (s’il y en avait, et les chances étaient plutôt faibles) était totalement le fruit du hasard. Désormais, nous sommes totalement libres, libres d’aimer, libres de s’engager avec qui on veut, quand on veut (du moins dans nos sociétés occidentales, c’est important de le rappeler).
Que certes, les moyens d’accéder à l’amour ont totalement été transformés en l’espace de 20 ans, mais qu’ils n’en sont pas moins efficaces. Le sujet n’est pas tant de se questionner sur leur efficacité que d’apprendre avec intelligence à les utiliser sans les fantasmer ou les dénigrer.
Je m’adresse donc à tous les pessimistes, les théoriciens de l’âge d’or, à ceux qui pensent que “c’était plus simple avant”, aux fatalistes, aux désabusés, aux résignés ou aux désenchantés : de toute l’histoire de l’humanité, les chances de vivre une histoire d’amour n’ont jamais été aussi élevées qu’à notre époque. L’accès à l’amour n’est simplement plus entre les mains du hasard mais entre les nôtres, à portée de pouce. Alors oui, cela demande un peu de volonté, de stratégie, de mettre les mains dans le cambouis, mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ? En tout cas j’en suis personnellement convaincu : je ne troquerai aucune époque contre la nôtre.
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Antoine de Docteur Love ❤️