Amour dopamine VS Amour ocytocine
"Le cerveau d'un amoureux est comparable à celui d'un cocaïnomane"
Avant de commencer…
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Pour celles & ceux que ça intéressent, voici les actus :
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Il y a des amours qui consomment.
Et d’autres qui construisent.
Des amours qui envoûtent.
Et d’autres qui enracinent.
Des amours qui montent vite.
Et d’autres qui tiennent longtemps.
Et souvent, on confond les deux.
Parce qu’on a été dressés à confondre l’intensité avec la profondeur,
l’obsession avec l’amour,
le manque avec le lien.
Deux hormones, deux manières d’aimer
Ce n’est pas qu’une image.
C’est biologique.
La dopamine est l’hormone de la poursuite, du désir, de la récompense attendue.
C’est elle qui s’active quand tu matches, quand tu reçois un message, quand tu fantasmes une rencontre.
C’est le circuit du "plus". Toujours plus.L’ocytocine, elle, est l’hormone de l’attachement, du lien, de la présence réelle.
Elle est libérée dans les moments de sécurité affective : un câlin, un regard sincère, une main posée sur ton épaule.
C’est le circuit du "mieux". Mieux se sentir, mieux se comprendre, mieux se relier.
Et ces deux circuits ne produisent ni les mêmes sensations, ni les mêmes histoires.
L’amour dopamine
C’est celui qui te fait perdre la tête.
Tu le sens dans ton ventre, dans ta gorge, dans tes nuits sans sommeil.
Tu veux le message. Tu veux la réponse. Tu veux savoir. Tu veux comprendre.
C’est l’amour qui crée du manque, du doute, de l’obsession.
Et ce qu’on appelle "passion", parfois, n’est qu’un déséquilibre chimique parfaitement orchestré par ton cerveau.
Comme le dit la neurobiologiste Lucy Brown, "le cerveau amoureux ressemble à celui d’un cocaïnomane en manque".
Oui, la dopamine est un moteur puissant.
Mais c’est une drogue à effet court.
Et quand elle retombe, il faut un nouveau pic.
Une dispute, un silence, un geste ambigu.
On vit d’ascenseurs émotionnels.
On devient dépendant.
Et parfois, on confond ça avec le “destin”.
On dit que c’est "fusionnel".
Que c’est “trop fort pour être expliqué”.
Mais ce n’est pas fort. C’est instable.
Ce n’est pas profond. C’est addictif.
Alors on cherche une autre relation.
Puis une autre.
Et encore une autre.
Des débuts intenses.
Des promesses folles.
Des textos jusqu’à 3h du mat.
Et puis… rien.
L’histoire s’effondre dès que la passion ralentit.
Et on recommence.
Un cycle de relations jetables, enrobé de poésie.
Mais au fond, c’est toujours la même histoire qu’on répète.
On ne cherche pas un amour.
On cherche un shoot d’amour.
L’amour ocytocine
C’est l’amour sans grand fracas.
Il commence souvent comme une marche silencieuse.
Pas de feux d’artifice. Pas de "c’est le destin".
Mais une sensation étrange :
« Je me sens bien ici. »
C’est un amour qui n’active pas le manque, mais la confiance.
Pas la montée, mais la stabilité émotionnelle.
Un amour qui ne te fait pas douter de ta valeur.
Un amour où tu ne joues pas un rôle pour garder l’autre.
Un amour où tu n’as pas besoin de vérifier, de prouver, de t’inquiéter.
Et pourtant…
Tu le trouves parfois ennuyeux.
Parce que ton cerveau, accoutumé à la dopamine, cherche le shoot, pas la paix.
Mais attention : dopamine ≠ mauvais.
Ce n’est pas un ennemi.
C’est une étincelle.
Et parfois, c’est elle qui allume le feu.
Un amour stable, profond, enraciné…
peut très bien commencer par une passion.
Par une rencontre qui électrise.
Par un désir brûlant.
Par cette phrase qu’on s’est tous dite au moins une fois :
“Je n’ai jamais ressenti ça avant.”
Mais ce qui fait la différence, c’est ce qu’on en fait après.
La passion peut être le point de départ.
Mais jamais le point d’arrivée.
Un couple ne tient pas parce qu’il s’est aimé très fort au début.
Il tient parce qu’il a choisi de continuer à s’aimer,
même quand l’intensité baisse,
même quand les corps s’habituent,
même quand la vie devient plus logistique que magique.
“L’amour commence quand on cesse d’être amoureux” - Éric-Emmanuel Schmitt.
Le paradoxe moderne : on veut l’amour ocytocine, mais on agit en dopamine
"Nous vivons dans une culture de l’excitation permanente." — Alain Ehrenberg
Chaque jour, tu es stimulé comme jamais dans l’histoire de l’humanité.
Des centaines de micro-récompenses digitales : likes, reels, matchs, messages, stories,
qui activent ton circuit de récompense.
Ton cerveau est dopaminé à mort.
Et cette surdose déforme ton rapport au réel.
Résultat ?
Quand une relation commence de façon calme et saine…
Tu crois que c’est “plat”.
Tu dis : "il ne se passe rien".
Alors qu’en réalité, il ne se passe pas de drame. Et c’est ça, la nouveauté.
L’étude d’Harvard : le bonheur est une affaire d’amour… mais pas de passion
Tu veux une preuve ?
L’étude longitudinale la plus célèbre du monde (Harvard Adult Development Study) a suivi + de 700 personnes pendant 80 ans.
Résultat :
"La seule chose qui prédit durablement la santé et le bonheur, ce sont la qualité et la stabilité des relations intimes."
Pas les histoires folles.
Pas les amours enflammés.
Mais les liens fiables, durables, stables.
C’est ça, l’amour ocytocine.
Et c’est ça qui fait du bien au cerveau, au cœur et au corps.
Comment faire concrètement ?
L’enjeu, ce n’est pas de fuir les relations passionnelles.
Ce n’est pas de vivre sans frisson, sans désir, sans vertige.
L’enjeu, c’est de ne pas faire de la passion ton seul GPS.
C’est de ne pas réagir à l’intensité comme si elle disait forcément vrai.
Et pour ça, il faut une chose : de la stabilité intérieure.
Pas parfaite. Pas figée.
Mais assez d’ancrage en toi pour faire une chose essentielle :
observer ce que tu ressens sans te laisser emporter par ce que tu ressens.
Prendre ton temps n’est pas une perte de temps
Quand tu sens que tu es happé(e) dans une histoire passionnelle,
n’essaie pas de l’étouffer.
Mais ralentis.
Donne du temps au temps.
Ne projette pas l’avenir sur trois échanges WhatsApp.
Ne déclare pas que "c’est lui" avant d’avoir vu comment il agit quand rien ne va plus.
La dopamine veut l'immédiat.
L’amour réel a besoin de temporalité.
Demande-toi non pas ce que tu ressens…
…mais ce que tu observes.
Est-ce que l’autre te répond dans la continuité ?
Est-ce que tu peux être toi-même, même dans les silences ?
Est-ce qu’il ou elle reste là quand tu poses tes limites ?
Gérer tes émotions, c’est aimer plus intelligemment
Le plus gros piège de la dopamine ?
Elle court-circuite ta lucidité.
Elle te fait croire que “ressentir fort” = “c’est forcément bon signe”.
Mais parfois, tu ressens fort parce que ça appuie sur une blessure ancienne.
Alors… avant de conclure que c’est "de l’amour",
pose-toi cette question simple :
Est-ce que cette personne m’attire…
…ou est-ce que cette situation me rappelle quelque chose ?
Si tu veux aimer avec discernement,
il faut d’abord apprendre à t’écouter sans te croire aveuglément.
C’est ça, la régulation émotionnelle.
Pas “ne rien ressentir”.
Mais ressentir pleinement sans être guidé(e) uniquement par ça.
Le calme n’est pas ennuyeux. Il est rare.
Si tu as été habitué(e) à des relations chaotiques,
à des ascenseurs émotionnels,
à des partenaires indisponibles ou ambivalents…
Alors, le calme va te sembler fade.
Presque suspect.
Mais ce n’est pas parce que c’est “mou”.
C’est juste neuf pour ton système nerveux.
Et la bonne nouvelle, c’est que le calme, ça s’apprend.
Petit à petit.
Relation après relation.
Avec toi d’abord. Avec l’autre ensuite.
Apprends à tolérer le vide.
À apprivoiser l’attente.
À être en lien… sans fusion.
Et si tu te sens accro ? Ce n’est pas une honte.
Certaines personnes le vivent intensément :
le manque, la panique de ne pas être aimé(e), l’obsession, le besoin de réponse immédiate.
Ce n’est pas “que t’es trop intense”.
C’est souvent que ton système d’attachement est activé.
Et ça se travaille.
Avec un psy.
Avec de la conscience.
Avec des petits pas.
L’idée n’est pas de “corriger” qui tu es.
Mais de t’offrir le droit d’aimer sans avoir peur à chaque instant de perdre.
En conclusion
L’amour dopamine est spectaculaire.
L’amour ocytocine est silencieux.
Les deux peuvent coexister.
Mais seul l’amour construit peut durer.
Tu n’as pas besoin de choisir entre frisson et fondation.
Tu as besoin d’apprendre à naviguer avec clarté dans ce que tu ressens.
Et ça commence par une seule décision :
Ne plus confondre intensité… et vérité.
À bientôt,