Avant de commencer…
On est désormais 24,917 dans cette newsletter. Que tu sois là depuis le début, ou que tu viennes de me découvrir, merci de me lire ❤️
Voici les actus :
Envie d’être coaché(e) ? Je propose des accompagnements individuels pour avancer concrètement, pas à pas. On définit un plan, on le suit ensemble, et on t’accompagne jusqu’à une histoire d’amour concrète, saine et durable. Places limitées. Pour candidater, réponds à ce formulaire 👈
The Love Talk Show : c’est demain à 19h30. Un invité spécial (un homme célibataire) qui va nous raconter son parcours, ses peurs et ses envies. Suivi, comme d’habitude, de deux coachings en direct. En ligne, en direct. Inscris-toi ici 👈
Une anxieuse avec un fuyant.
Le duo le plus fréquent.
Et le plus instable.
Sur le papier, tout semble fonctionner.
Elle aime fort, il aime libre.
Elle a besoin de lien, il a besoin d’espace.
Ils se complètent — du moins au début.
Mais au bout d’un moment, l’un court, l’autre fuit, et la relation s’essouffle.
C’est ce qu’on appelle un couple d’attachements désorganisés : deux systèmes de protection qui s’entrechoquent.
Un rappel rapide : la théorie de l’attachement
Formulée par John Bowlby et approfondie par Mary Ainsworth, cette théorie explique comment nos premières relations avec nos figures parentales façonnent notre manière d’aimer à l’âge adulte.
Selon la recherche (Hazan & Shaver, 1987 ; Bartholomew & Horowitz, 1991), on distingue trois grands styles :
• Le sécure
A grandi avec des parents sensibles et disponibles.
→ À l’aise avec l’intimité.
→ Capable de donner et recevoir sans peur.
→ A confiance en soi et en l’autre.
• L’anxieux
A souvent connu une présence parentale inconstante : parfois proche, parfois absente.
→ Peur de l’abandon, hypervigilance émotionnelle.
→ Besoin d’être rassuré en permanence.
→ Tendance à interpréter la distance comme un rejet.
• Le fuyant (ou évitant)
A souvent grandi avec des parents détachés ou intrusifs, où l’expression des émotions était découragée.
→ Se sent envahi par l’intimité.
→ Se protège en mettant de la distance.
→ Fuit le conflit et les émotions trop fortes.
Selon plusieurs études, environ 20 % des adultes sont anxieux, 25 % fuyants, et 50 % sécures (Levine & Heller, Attached, 2010).
Et, statistiquement, les femmes sont plus souvent anxieuses, tandis que les hommes sont plus souvent fuyants.
Pourquoi ils s’attirent
C’est presque mécanique.
Chacun réveille chez l’autre une émotion familière.
L’anxieuse retrouve la sensation d’être en attente d’amour.
Le fuyant retrouve celle d’être poursuivi ou étouffé.
Et au début, cette tension crée une électricité folle :
Elle admire sa liberté, sa force tranquille.
Il est touché par sa sensibilité et son dévouement.
Les besoins de l’un nourrissent les blessures de l’autre.
Mais cette polarité séduit autant qu’elle détruit.
Ce n’est pas une complémentarité, c’est une réactivation.
Chacun, sans le vouloir, appuie sur les vieilles cicatrices de l’autre.
Comment la relation se dérègle
Les systèmes d’attachement sont comme des alarmes.
L’anxieux s’alarme quand la connexion faiblit.
Le fuyant s’alarme quand la connexion devient trop intense.
Conséquence :
L’anxieux interprète la distance comme un rejet → il se rapproche encore plus. On appelle ça une stratégie d’activation.
Le fuyant interprète la demande de proximité comme une menace → il se referme encore plus. On appelle ça une stratégie de désactivation.
C’est une spirale de désactivation et de suractivation (Mikulincer & Shaver, 2007).
L’un crie “rassure-moi”, l’autre entend “laisse-moi tranquille”.
Et chacun se renforce dans son rôle.
Résultat : un amour à géométrie variable, où l’intensité du début laisse place à l’incompréhension, la frustration, puis la lassitude.
Est-ce que ce couple est condamné ?
Non.
Mais il ne peut pas survivre sans conscience.
Pour qu’un couple anxieux-fuyant fonctionne, il faut que chacun travaille sur sa part :
L’anxieux doit :
Apprendre à réguler son système nerveux sans dépendre de l’autre.
Identifier le moment où il projette sa peur sur son partenaire.
Cultiver une base interne de sécurité (via thérapie, ancrage, estime de soi).
Le fuyant doit :
Comprendre que se protéger n’est pas aimer.
Rester présent même quand c’est inconfortable.
Apprendre à exprimer ses besoins et émotions, au lieu de s’éclipser.
Ce travail demande du courage et une vraie maturité affective.
Mais lorsqu’il est accompli, ces couples deviennent profondément transformateurs : ils apprennent à s’aimer en conscience, pas en réaction.
Manque d’amour ou manque de sécurité ?
Un fuyant qui fuit ne manque pas forcément d’amour.
Une anxieuse qui met fin à la relation non plus.
Ce n’est pas un manque de sentiment — c’est un manque de sécurité affective.
Beaucoup de couples ne se séparent pas parce qu’ils ne s’aiment plus,
mais parce qu’ils ne se sentent plus en sécurité dans la relation.
La sécurité, c’est le socle invisible de toute relation durable.
C’est ce qui permet à l’anxieux de respirer, et au fuyant de rester.
Et cette sécurité se construit à deux :
En comprenant le système de l’autre, au lieu de le juger.
En faisant en sorte d’être compris, au lieu de se défendre.
L’amour ne suffit pas.
C’est la sécurité relationnelle qui le rend possible.
Si tu vis un début de relation comme ça…
Voici quelques repères concrets pour ne pas te perdre :
👉 Si tu es anxieux(se) :
Observe ton besoin de contact avant de l’imposer. Respire avant d’envoyer ton 4e message.
Prends conscience que la distance de l’autre n’est pas forcément un rejet.
Remplis ton réservoir affectif en dehors du couple (amis, routines, activités).
👉 Si tu es fuyant(e) :
Ne disparais pas sans prévenir. Dis simplement : “J’ai besoin d’un peu d’espace, je reviens vers toi demain.”
Quand tu sens la panique monter, ne coupe pas le lien — respire, explique.
Essaie de rester présent même dans l’inconfort : c’est là que tu grandis.
👉 Pour les deux :
Parlez de vos besoins sans accusation.
Ne cherchez pas à avoir raison : cherchez à être compris.
L’amour ne se prouve pas, il se régule.
Conclusion
Un couple n’est pas la rencontre de deux moitiés,
c’est la rencontre de deux systèmes nerveux.
Deux histoires d’attachement qui essaient de s’apprivoiser.
L’un apprend la patience.
L’autre apprend la proximité.
Et quand ils y parviennent, ils inventent une nouvelle forme d’amour :
un amour qui n’est plus gouverné par la peur,
mais par la sécurité.
Ce n’est pas un conte de fées.
C’est une œuvre commune.
Et c’est souvent la plus belle qu’on puisse construire.
À bientôt,