Newsletter rédigée avec 💛 par Antoine Géraud, fondateur de docteurlove.co
« C'est une communauté de femmes qui s'entraident et partagent des infos sur les mecs qu'elles rencontrent via les apps. »
C'est ainsi que j'ai entendu parler pour la première fois de ce groupe Facebook. C'était il y a quelques mois, lorsqu'une de mes clientes m'a expliqué qu'elle l'avait rejoint et m'a demandé ce que j'en pensais.
Le concept n'a rien de révolutionnaire. Après tout, depuis toujours, les gens aiment partager des infos et des ragots, surtout quand il s'agit d'histoires de cœur. La nouveauté ici, c'est l'effet de réseau : ce groupe parisien compte cinq mille membres.
Et ce n'est pas qu'à Paris. Il y a des groupes « Are we dating the same guy » dans chaque grande ville : New York, Londres, Sydney, Berlin, Dublin... Dans toutes les grandes villes occidentales, là où les cœurs esseulés sont aussi nombreux que les pigeons. En faisant un calcul rapide, j'estime qu'il y a probablement un million de femmes dans ces groupes. Ce n'est donc pas juste une tendance passagère des Parisiennes ; c'est un véritable phénomène mondial.
Tellement intrigué, j'ai décidé de m'y plonger moi-même. Et quand je dis « plonger », comprenez que j'ai infiltré le groupe, à la manière d'un bon vieux roman d'espionnage mais version 2024. J'ai emprunté le compte Facebook d'une amie (dont je tairai le nom, parce que la fondatrice de ce groupe ne badine pas avec la confidentialité comme vous pouvez le constater ci-dessous).
Mon objectif était simple : comprendre sans jugement, sans conclusions hâtives. Juste comprendre ce phénomène.
Une fois dedans, plusieurs choses m'ont surpris :
Premièrement, le groupe est incroyablement actif : cinq à dix publications par jour, chacune générant des dizaines de commentaires. C’est beaucoup.
Deuxièmement, les membres viennent de tous horizons : de 20 à 60 ans, et de toutes les apps de dating possibles.
Chaque post suit une recette simple : captures d'écran du profil d'un homme sur une app, accompagnées de la question « Any tea or red flags? » En d'autres termes, faut-il aller boire un verre avec lui ou le fuir comme la peste ?
Dans les commentaires, on trouve deux types de réponses : celles qui donnent un ressenti sur la base du post et celles qui partagent une expérience directe avec l’homme en question.
Parfois—plus rarement—on trouve des mises en garde contre des profils jugés dangereux ou toxiques.
Après deux semaines d'observation, j'ai tiré plusieurs conclusions :
Ce groupe est aussi utile qu'il peut être dangereux. Utile car il semble permettre d'éviter certains profils potentiellement dangereux. Dangereux car il favorise des phénomènes de délation et de diffamation envers ceux qui auraient éconduit certaines femmes.
Les femmes sont de plus en, plus nombreuses à avoir totalement perdu confiance dans les hommes. Particulièrement ceux rencontrés via les apps. Ce groupe en est la preuve. Elles ne font pas ça juste pour s’amuser ou passer le temps mais car elles éprouvent un sentiment d’insécurité légitime. Sans compter des histoires comme celle de l'arnaqueur de Tinder qui attisent la peur. Bien que rares, elles marquent les esprits et renforcent le sentiment d'insécurité.
Les femmes n’ont aucune confiance dans les apps de dating. La preuve, elles vont vérifier par des moyens artisanaux le sérieux des profils. C’est dire.
Les applications de rencontres ont une grande responsabilité là dedans : elles ne remplissent pas leur rôle de tiers de confiance. Pire, je pense que les apps entretiennent ce phénomène. Elles tiennent un double discours : en apparence, elles font tout pour éviter cela. En réalité, elles créent ce climat de méfiance généralisé sur lequel leur modèle économique prend racine. C’est une vision court-termiste mais c’est leur vision, j’en suis convaincu.
Bref, il y a une crise de confiance majeure. Sans confiance, les relations deviennent des transactions prudentes, des interactions basées sur la méfiance plutôt que sur l'ouverture. Ce climat transforme les dynamiques amoureuses en un espace de suspicion où chaque homme est perçu comme un risque potentiel. Cette surveillance constante épuise l'authenticité et empêche de vraies rencontres d'émerger. La méfiance crée un cercle vicieux : plus elle grandit, plus les comportements se ferment, et moins les liens authentiques peuvent se créer.
Ce type de groupe est-il la solution au problème ? Je ne pense pas. Au contraire, cela ne fait qu'alimenter la méfiance. Honnêtement, après deux semaines à consulter ces posts quotidiennement, il y a de quoi devenir parano et méfiant de tout, tant les informations partagées nourrissent une atmosphère de suspicion généralisée.
Comment faire alors ? Comment rétablir la confiance dans l'univers des rencontres, où la méfiance généralisée règne en maître ?
C'est un sujet sur lequel je travaille depuis plusieurs mois (d'où mon silence d'ailleurs). Les pistes sont nombreuses, les sources d'inspiration aussi. Il suffit de regarder des secteurs où la confiance entre les clients et les entreprises est solide :
j’ai par exemple confiance en Doctolib quand je prends un rendez-vous avec un médecin ;
j’ai confiance en Airbnb quand je réserve un appartement dans une autre ville ;
j’ai confiance en la SNCF que mon train arrive à l’he…nan j’déconne.
Bref, il y a quelque chose de très grand et très utile à construire :
Si vous voulez vous joindre à la réflexion, contactez-moi ici.
Sinon, dites-moi en commentaire ce que vous en pensez—je suis curieux de connaître votre avis ⬇️
À bientôt 👋
Antoine Géraud
Fondateur de docteurlove.co
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Un homme nous explique qu’il faut avoir confiance en les hommes… et faire confiance aux apps… alors que depuis la nuit des temps, en tant que femmes, on est abusés par des hommes. Du mansplaining et du not all men en globalité …
« Nan mais mon médecin je lui fais confiance… » pardon ? Parce qu’on peut comparer un rdv médical à un inconnu rencontré via une app ? Parce que chez les médecins aussi il n’y a pas des abus ? et des personnes dangereuses ? …. Des médecins nous nient en tant que femme et nous infantilisent ?
Excusez moi, mais les applis et ce groupe, vu sous votre angle, c’est les applis vu par un homme cis hetero et blanc…donc votre avis, en tant que femme, on s’en passerait bien… je ne vois pas l’utilité de cet article… à part de mettre en danger ce groupe et ces femmes.
Et la conclusion de cet article est un peu du … « pas tous les hommes »… je trouve.
Excusez moi mais j’aime ce groupe, j’aime les alertes lancées par ces femmes et cette sorority.
Et puis pourquoi vouloir encore une fois s’infiltrer et écrire dessus ? C’est encore plus malsain que ce que vous voyez comme une déviance.
La confiance peut être rétablie dans l’Univers en changeant les croyances (encore) ancrées dans nos sociétés sur les conditionnements des femmes et des hommes. Ce sont ces mêmes conditionnements qui amènent à ce que des femmes se protègent (encore) des hommes en créant des groupes exclusivement réservée aux femmes.
D’ailleurs, en infiltrant ce groupe alors que vous êtes un homme, vous nourrissez le sentiment d’insécurité que les femmes peuvent ressentir.
On pourrait même pousser la réflexion : pourquoi passer par la porte de derrière pour avoir des informations sur un groupe qui fait preuve de sororité ? (Et bien sûre il ne s’agit pas là de parler de la « raison » concernant la demande de votre cliente).
Avant de s’emparer d’un sujet, il serait sans doute judicieux d’aller à la source. Mais oui enfin « docteurlove.co » pourquoi donc ces femmes soient en « crise de confiance majeure » ?
La source, ce sont les femmes. Et les témoignages (y compris sur ce groupe) ne manquent pas pour cerner la réalité qui peut (encore) peser sur les femmes.
De plus, j’ajouterais que je ne suis pas convaincue que la comparaison entre le dating à une prise de rendez-vous chez le médecin ou réserver un logement pour les vacances soit le bon axe de réflexion… ou peut-être essayez-vous d’appuyer sur le faite que certaines apps de rencontres sont conçues pour pousser à consommer ?
Enfin, il manque le point de vue des hommes.
Ces apps participent grandement à nourrir des relations peu saines et elles ont très certainement au même titre que les réseaux sociaux un impact sur la santé mentale des femmes et des hommes.