Célibataires & apps de dating : chronique d’un malentendu 💔
7 ans.
7 ans que j'échange quasi quotidiennement avec des célibataires.
Du lundi au vendredi, dans un cadre professionnel avec mes client(e)s ou simplement des célibataires curieux de la manière dont je peux les aider.
Et du samedi au dimanche, dans un cadre personnel : car oui, lorsque j'arrive à une soirée et que je parle de mon métier, les célibataires présents ne peuvent s’empêcher de venir me parler de leurs “échecs sentimentaux” 💔 #cestlaviequejaichoisidemener
J'ai fait un rapide calcul, et je pense sans exagération que j'ai du à minima, discuter avec 10.000 célibataires, que ce soit par téléphone, visio, messages ou lors de soirées et d’évènements. En bref, j'ai la sensation d'avoir le doigt sur le pouls des célibataires et d'être devenu une sorte de sismographe des tremblements du cœur ❤️🩹
Et justement, ce qui n’était que légers soubresauts quelques années auparavant me semblent être devenus fortes secousses : une fracture béante est en train de se former entre les célibataires et les apps de dating.
À la base, les célibataires ont mis beaucoup d’espoir dans les apps. Puis ils ont été déçus. Et ils se sont mis à les détester. C’est devenu épidermique, viscéral.
Ce qui n’était qu’un épiphénomène devient un phénomène de masse. Regardez plutôt :
Pourtant, ces célibataires là, qui ont pris leur distance avec les apps et veulent laisser “la vraie vie” faire son travail, hé bien…ils vont s’y réinscrire.
Alors oui, ils vont y retourner “à contre cœur”, “avec la boule au ventre” et “parce que de toute manière, c’est la seule solution pour faire des rencontres”.
Mais ils y retourneront quand même.
Et voici comment on pose les bases d’une relation toxique : en retournant inlassablement dans les bras d’une personne (ou d’un outil en l’occurence) avec qui on se sent pourtant mal, sans rien changer à notre relation, à ses fondements, à son cadre. On fait passer cette personne (ou cet outil) du statut de Sauveur à celui de Bourreau à la moindre déception, pendant que l’on se complait dans le rôle de la Victime.
Ce que je dis n’est pas très clair ? Ok. Vous voyez le rapport qu’ont les français à la politique et à leurs présidents ? Oui ? Bon, bah c’est pareil, mais avec les apps de dating. Et si ce n’est toujours pas clair, je vous invite à vous intéresser au triangle dramatique de Karpman, qui a théorisé la dynamique des relations malsaines. C’est puissant.
Bref, la relation entre les célibataires et les apps de dating est sans l’ombre d’un doute devenue toxique, une sorte de je t’aime moi non plus malsain, une danse funeste menant irrémédiablement à la déception, la désinscription, la réinscription, et à la répétition…et même dans certains cas au dating burn-out (nouveau terme en vogue aux USA).
Ok mais c’est quoi la solution ? 🤷🏼♂️🤷🏻♀️
Je peux déjà vous dire celle qui n’en est pas vraiment une : la fameuse “vraie vie” ! Vous avez remarqué, dans les captures d’écrans ci-dessus, toutes ces références à la vie : “Je compte sur le hasard de la vie” ; “je fais confiance en la vraie vie” ; “je préfère laisser la vie faire” ? Non pas que je pense qu’on ne puisse pas faire de rencontres en dehors des apps, bien évidemment, mais que derrière ce terme de “la vraie vie” se cache souvent en réalité une forme d’attentisme, si ce n’est un renoncement.
Bon, je ne vais peut-être pas me faire que des amis sur le coup, mais voici ce que je pense…
#1 → Les apps font partie de la vraie vie. Qu’on le veuille ou non, c’est comme ça. Et elles sont parties pour durer. Simple.
#2 → Dire “je laisse la vie faire son travail”, ça veut simplement dire qu’on n’a aucune stratégie pour sa vie sentimentale. Basique.
#3 → Sans stratégie, pas de réussite. Même en amour. Simple.
#3 → Vouloir se priver de la première source de rencontres actuelles (=les apps), c’est se tirer une balle dans le pied. Basique.
#4 → Laisser sa vie sentimentale entre les mains de la vie et du hasard revient à espérer être riche en jouant uniquement au loto. C’est possible, mais peu probable. Surtout quand on a dépassé la barre des 30 ans. Simple.
#5 → Si vous n’y arrivez pas sur les apps, y’a aucune raison que vous ne répétiez pas les mêmes scénarios “dans la vraie vie”. Basique.
#6 → Les défauts que l’on prête aux autres (en l’occurence aux apps ou à leurs utilisateurs) sont souvent un jugement que l’on se porte à nous même. Simple.
#7 → Le sujet c’est pas l’outil, mais comment on s’en sert. Si vous n’arrivez pas à planter des clous avec un marteau, c’est pas la faute du marteau. Ni du clou (sauf s’il est vraiment tordu). Basique.
Ok j’en conviens, ce que je dis peut être dur à entendre pour certains d’entres vous. Mais voici ma devise : une dure vérité fera toujours plus avancer qu’un doux mensonge. Et mon rôle, c’est de vous aider à avancer. Simple, basique.
Tout ça pour dire que la solution n’est pas, selon moi, de trouver un moyen de contourner les méthodes de rencontres modernes, mais de s’y adapter, de les comprendre, de les dompter. Voici donc la question qu’il faut se poser : comment passer de la relation malsaine à la relation saine ? NB : En plus, si vous avez une relation toxique aux apps, il y a de fortes chances que vous en développiez une avec votre futur partenaire. Raison de plus de répondre à cette question.
Car oui, j’ai une bonne nouvelle : il ne tient qu’à vous de transformer cette relation. Ça ne vous aura pas échappé, mais en face, ce sont des outils. Toute votre relation dépend donc de la manière dont vous vous en servez. Vous avez le pouvoir de tout changer.
Et la première étape pour en sortir, c’est de comprendre comment on rentre dans une relation toxique avec les apps. J’ai appelé ça la “boucle malsaine”.
La boucle malsaine 🔁☠️
• Étape 1 → Le malentendu
Comme souvent, tout part d’un malentendu. 80% des utilisateurs s’inscrivant sur les apps y vont avec des attentes soit :
→ irréalistes = le célibataire va sur les applications en pensant qu’elles vont lui trouver quelqu’un, même qu’elles le doivent, car c’est leur job. Le célibataire va totalement se déresponsabiliser dans le processus et tout attendre du service ;
→ malsaines = pour avoir un boost d’égo, pour soigner une peine de coeur ;
→ floues = le célibataire y va pour voir, pour tester, par curiosité. Il ne pose aucun cadre précis. Advienne que pourra est sa devise, il est dans l’adaptation.
→ dans le déni = il dit y aller sans espoir, qu’il n’y croit pas, mais avec tout de même l’espoir inavoué que ça fonctionne. Dans la plupart des cas, il va vouloir confirmer sa propre croyance, et va tout faire pour (consciemment ou inconsciemment) #prophétieautoréalisatrice
• Étape 2 → Le fantasme
Les premiers jours d’utilisation d’une application sont toujours assez grisants. En effet, l’application va tout faire pour que votre début d’expérience le soit : profils de qualité à gogo, des matchs en veux-tu en voilà. On est sous perfusion de dopamines. C’est le kiff et qu’on le veuille ou non, on se met à rêver, à fantasmer, à se projeter dans les bras de Vanessa ou de Roberto. En bref, quelques soient nos attentes de base (cf étape 1), on se met à y croire tout simplement. Et en général, tout cela vient avec un investissement émotionnel et en temps très (trop) élevé. Il est important de préciser qu’à ce stade, aucune rencontre n’a encore eu lieue.
• Étape 3 → Le drame
Les jours passent et le rêve laisse place au réel : les choses se concrétisent. Mais pas forcément comme on l’avait imaginé : une rencontre décevante, la personne avec qui on parlait avec envie depuis 5 jours qui nous ghoste, aucun ou très peu de résultats, etc… “Le réel, c’est quand ça cogne”, disait Lacan. Et plus on a investi de temps et d’émotions à l’étape 2, plus la chute peut être rude. Et là, c’est le drame : on s’était mis à y croire et on se sent trahi. C’est la (ré)ouverture de notre blessure narcissique.
• Étape 4 → Nommer le Bourreau
Après une déception vécue comme un “échec”, notre cerveau aime bien trouver un coupable : c’est humain ! L’app, ou bien la personne qu’on a rencontrée ou celle qui nous a ghosté, ou même par moment, nous-même “je suis trop nulle, j’y comprends rien, je laisse tomber”.
• Étape 5 → La fuite (en avant)
Maintenant que le bourreau est nommé, il faut trouver une solution pour ne plus avoir à vivre cela. Et là, notre cerveau va (encore une fois) bien aimer les raccourcis. Voici les deux chemins les plus empruntés par les âmes en peine :
La renonciation : on quitte les apps car “c’est de la merde”, “c’est pas fait pour moi”, ou encore “les gens dessus sont pas sérieux”.
La boulimie affective : on réagit par une sorte d’enivrement, un usage compulsif menant souvent à l’addiction : swipe à gogo, matchs en veux-tu en voilà, rencontres à foison. Une manière d’anesthésier son mal-être dans ce trop plein.
• Étape 6 → La prise de distance
Que ce soit après la renonciation ou bien un épisode de boulimie affective, vient généralement le temps de la prise de distance : on ne se sent pas bien et on a besoin se recentrer sur soi, de se soigner, de se faire du bien, de se ressourcer. Cela passe par la prise de distance avec le Bourreau. Cela peut durer 1 mois, 6 mois, 1 an en fonction de notre personnalité. Durant cette période, on se rapproche des choses qui nous semblent essentielles (famille, amis, travail) tout en mettant notre vie sentimentale sous le tapis.
• Étape 7 → Le changement d’avis
On se sent mieux, ressourcé, en forme, bien avec nous-même : on a repris des forces. On commence à se ré-ouvrir au monde du dating, à repenser à notre vie sentimentale et à se dire qu’il faut agir. C’est très souvent en janvier, en mai ou en septembre que ça se produit. On voit des publicités d’apps de dating dans le métro, on a cet ami qui a trouvé son bonheur sur telle app. Puis on se dit “aller pourquoi pas, faudrait peut-être que j’y retourne, après tout je me sens mieux, j’ai évolué, grandi, muri. Les choses sont différentes maintenant”, mais tout de même avec une petite boule au ventre, comme une réminiscence de notre dernière expérience sur ces services.
Et très souvent, le déclic se produit avec l’arrivée d’une nouvelle app de dating, qui promet une expérience totalement différente. On se dit “tiens, elle a l’air super celle là, les gens vont être différents dessus ! ”
• Étape 8 → Le retour sur les apps…
…exactement dans les mêmes dispositions qu’à l’étape 1. Rien n’a changé, ou presque. Retour à l’étape 2. Et c’est reparti pour un tour.
La boucle vertueuse 🔁🧘♀️
Alors tout d’abord, je tiens à apporter une précision : bien évidemment, les apps de dating ne sont pas le seul et unique moyen de trouver chaussure à son pied de nos jours. Bien sûr qu’il est possible de faire LA bonne rencontre dans la vraie vie, via ses amis, dans un bar ou à son travail, sans se servir des apps.
Nous avons tous autour de nous des exemples de personnes qui ont réussi avec mais aussi sans.
À vrai dire, peu importe la méthode utilisée, qu’elle soit virtuelle ou réelle, l’important va être de sortir de cette boucle malsaine, de reprendre le contrôle ou bien tout simplement de passer de l’attentisme à l’intention. Car oui, cette boucle malsaine est transposable aux autres moyens de rencontres.
J’ai longuement observé les personnes ayant réussi, d’une manière ou d’une autre, à trouver chaussure à leur pied. Et j’ai observé qu’elles mettaient en place une boucle totalement différente, une boucle saine, une boucle vertueuse :
🏁 → Lucidité → Intention → Volonté → Ouverture d’esprit → Indulgence → Responsabilisation → Réciprocité → Constance → Patience → 👩❤️👨
Il n’y a pas de conseils magiques pour arriver à appliquer dans sa propre vie cette boucle, et ça ne se fait pas en un claquement de doigts. En fonction de votre personnalité, de votre passé sentimental, de vos attentes, de vos espoirs, de votre situation globale, de vos peurs, de vos mécanismes d’auto-sabotage et de tout ce qui fait votre particularité, la mise en place et en pratique de cette boucle sera unique, et demandera plus ou moins de temps, plus ou moins d’efforts.
Alors oui, je sais que pour nombreux d’entre vous, effort et amour sont antinomiques. Mais il est essentiel de changer d’état d’esprit à ce sujet : c’est peut-être même la première étape vers le succès.
Ce qui est certain, c’est que ça fonctionne. Regardez par vous même :
Et à mon tour de vous le donner en mille : vous avez le pouvoir de changer les choses, les clefs sont en vous.
Il ne tient qu’à vous de devenir l’architecte de votre vie sentimentale et d’arriver enfin à planter ce fameux clou. Celui qui n’est pas tordu. Le clou du spectacle.
Et si ça vous semble trop compliqué, que vous ne savez pas par quel bout ou clou commencer, sachez que vous n’êtes pas seul. Vous pouvez vous faire aider. Et il n’y a pas de honte à cela.