Attentes VS Exigences

oct. 29, 2025

Avant de commencer…

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On confond souvent exigence et attente.
Pourtant, en amour, cette confusion peut tout changer.

Beaucoup de gens se croient “ouverts à la rencontre”,
alors qu’ils sont en réalité dans une posture d’exigence.
Ils ne cherchent plus à rencontrer quelqu’un —
ils cherchent à valider une liste.

“Je veux quelqu’un de stable, cultivé, drôle, bienveillant, sportif mais pas trop…”
Derrière ces critères, il y a souvent une peur :
celle de souffrir à nouveau, de se tromper, de perdre du temps.

Mais l’exigence, sous couvert de discernement,
ferme des portes plus qu’elle n’en ouvre.
Parce qu’elle cherche à tout contrôler,
et l’amour, lui, ne se contrôle pas.

La bonne posture, ce n’est pas non plus de tout accepter,
de “laisser faire le destin” ou de ne rien exiger.

Non.
C’est d’avoir des attentes, et non des exigences.

Des attentes claires — sur tes valeurs, ton respect, ton rythme, ta manière d’aimer.
Mais sans chercher à forcer la vie à y correspondre exactement.

Avoir des attentes, c’est poser un cadre.
Avoir des exigences, c’est poser des barrières.

Et la maturité amoureuse,
c’est d’apprendre à faire la différence entre les deux.

L’étymologie, d’abord

Parce que les mots en disent toujours beaucoup.

Exigence vient du latin exigere :
ex- (« hors de ») + agere (« pousser, agir »).
→ littéralement : pousser à bout, réclamer avec force.

C’est une énergie active, volontariste, qui met la barre haut.
Elle parle de contrôle, de standard, de rigueur.

Attente, elle, vient du latin attendere :
ad- (« vers ») + tendere (« tendre, étendre »).
→ littéralement : se tendre vers, prêter attention à.

C’est une énergie réceptive, ouverte, tournée vers ce qui vient.
Elle parle de disponibilité et de confiance.

En amour, la différence est immense

Je rencontre souvent deux types de personnes :

Les exigeants

Ils ont une liste longue comme le bras :

“Je veux quelqu’un de stable, drôle, cultivé, sportif, mais pas trop.”
“S’il fait moins d’1m80, c’est non.”
“Je ne veux plus jamais un mec qui...”

Leur cœur est sincère, mais leur mental a pris le pouvoir.
Ils veulent tout maîtriser.
Résultat : ils ferment les portes avant même qu’elles ne s’ouvrent.
Et ils finissent seuls, non pas faute d’amour…
mais faute de souplesse.

Ceux qui ont des attentes

Eux aussi savent ce qu’ils veulent :
du respect, de la bienveillance, une relation réciproque.
Mais ils savent que l’amour n’est pas une équation.
Ils posent un cadre, sans exiger la perfection.
Ils accueillent la surprise, les nuances, l’imprévu.

Leur posture est ouverte, pas naïve.
Ils avancent, observent, ajustent.
Et la vie peut, du coup, leur faire des cadeaux inattendus.

Le piège de l’exigence

L’exigence, c’est noble à première vue.
Mais souvent, c’est une armure élégante pour cacher la peur :
la peur de souffrir, la peur d’être déçu, la peur de manquer.

Alors on se protège derrière une liste,
on filtre tout, on analyse tout,
et on oublie que l’amour est, par nature, imparfait et vivant.

Une relation, ce n’est pas un recrutement.
C’est une rencontre entre deux mondes.

Et d’ailleurs, la recherche le confirme. Selon une étude, les personnes qui adoptent des standards perfectionnistes — c’est-à-dire qui exigent de l’autre qu’il soit « parfait » ou « à la hauteur de la liste » — affichent une satisfaction relationnelle significativement plus faible (source).

Bref,
si tu veux que tout colle avant d’aimer,
tu n’aimeras jamais vraiment.

Avoir des attentes, c’est différent

Avoir des attentes, c’est te dire :

“Je mérite un lien respectueux, sincère, doux.”
“Je veux être choisie autant que je choisis.”
“Je veux un amour qui respire.”

Mais tu ne dis pas comment ça doit venir,
ni à quoi la personne doit ressembler.
Tu laisses la vie t’étonner, tout en gardant ta colonne vertébrale.

C’est la posture la plus mature qui soit :
ouverte, mais alignée.
Souple, mais lucide.

L’attente n’est pas la passivité

Être dans l’attente ne veut pas dire ne rien faire.
Ce n’est pas rester assis à attendre que “le bon” ou “la bonne” tombe du ciel.

C’est une posture intérieure, pas un immobilisme extérieur.

Tu peux être dans l’attente juste tout en étant actif.
Sortir, rencontrer, écrire, oser.
Mais le faire dans un état d’esprit différent : sans crispation, sans contrôle, sans urgence.

L’exigence agit par peur.
L’attente agit par confiance.

L’exigence veut provoquer la rencontre.
L’attente juste veut l’accueillir.

Les deux bougent — mais pas depuis le même endroit.
L’une part du manque, l’autre part de la plénitude.

Quand tu agis depuis la confiance, tu ne cherches pas à “trouver l’amour”,
tu t’ouvres à le reconnaître quand il se présente.

Exercice : ta liste magique

Prends une feuille et un stylo.
Dessine deux colonnes.
En haut de la première, écris : “Mes exigences”.
En haut de la seconde : “Ce que ça dit vraiment de moi.”

Puis, dans la première, note tout ce que tu veux absolument :

“Il doit être cultivé.”
“Je veux quelqu’un de confiant.”
“Je ne veux pas quelqu’un de fermé émotionnellement.”
“Je veux une femme indépendante.”

Ensuite, amuse-toi à reformuler chaque phrase de la deuxième colonne.
Mais cette fois, à partir de ton désir profond, pas de ta peur.

Exemples :

“Il doit être cultivé.” → “J’ai besoin de partage et de curiosité.”
“Je veux quelqu’un de confiant.” → “J’ai besoin d’un lien où chacun ose être soi.”
“Je ne veux pas quelqu’un de fermé.” → “Je veux pouvoir parler vrai, même quand c’est difficile.”
“Je veux une femme indépendante.” → “J’ai besoin d’un lien où chacun garde son espace et sa liberté.”

Quand tu as fini, relis les deux colonnes.
La première te montre tes peurs.
La seconde te montre tes besoins.

Et c’est à partir de ces besoins-là qu’on construit une belle relation.
Pas à partir d’une liste, mais d’une ouverture lucide.